Pendant longtemps, les candidats maîtrisant l’anglais avaient une longueur d’avance sur le marché du travail. L’anglais s’imposait comme la langue internationale par excellence, indispensable pour toute carrière à dimension mondiale.
Mais depuis quelques années, une tendance se dessine : les langues dites “rares” ou “moins connues” attirent de plus en plus l’attention des recruteurs.
Italien, portugais, néerlandais, polonais, arabe, mandarin ou encore suédois… ces langues autrefois considérées comme “de niche” deviennent désormais de véritables leviers d’employabilité.
Pourquoi un tel changement ? Quels secteurs sont concernés ? Et comment ces compétences linguistiques se traduisent-elles concrètement en opportunités professionnelles ?
La mondialisation redessine la carte des langues utiles
Le marché du travail est plus international que jamais. Les entreprises françaises travaillent quotidiennement avec des clients, fournisseurs ou partenaires installés en Europe, en Afrique, en Asie ou en Amérique latine.
Selon une étude de France Stratégie, 65 % des entreprises exportatrices déclarent que la maîtrise d’au moins une langue étrangère autre que l’anglais est un critère de recrutement déterminant.
La mondialisation ne se limite plus à une communication uniformisée en anglais : elle repose désormais sur la capacité à s’adapter culturellement et linguistiquement à ses interlocuteurs.
Autrement dit : parler la langue du client, c’est comprendre sa culture, son marché et ses attentes.
L’anglais reste roi, mais les recruteurs veulent des profils multilingues
Soyons clairs : l’anglais reste la base. Il demeure incontournable dans la majorité des secteurs internationaux.
Cependant, les recruteurs cherchent aujourd’hui à aller plus loin. Un profil bilingue anglais-français est devenu courant. En revanche, un profil trilingue anglais + une autre langue européenne est perçu comme une véritable valeur ajoutée.
Selon le site de recrutement Indeed, les offres d’emploi mentionnant la maîtrise d’une « troisième langue » ont augmenté de 28 % en trois ans.
Cette évolution illustre un besoin croissant de communication locale, fine et authentique, notamment dans les secteurs du commerce, du tourisme, de la logistique et de la relation client.
L’italien : la langue de la créativité et du luxe
Une langue au cœur du savoir-faire européen
L’Italie est le 2? partenaire commercial de la France au sein de l’Union européenne. Les échanges entre les deux pays dépassent 100 milliards d’euros par an (source : Douanes françaises).
Les entreprises des secteurs de la mode, du design, du luxe, de l’automobile, de la gastronomie et du tourisme recherchent activement des collaborateurs capables de dialoguer avec leurs homologues italiens.
Dans ces milieux où le sens du détail, du beau et de l’émotion est capital, parler italien n’est pas seulement une compétence linguistique : c’est une porte d’entrée dans une culture du raffinement et de la créativité.
Des opportunités dans les métiers du commerce et de la communication
- Chargé de clientèle ou commercial export vers l’Italie ;
- Acheteur international pour des marques de luxe ou des enseignes textiles ;
- Responsable marketing Europe du Sud ;
- Interprète ou traducteur spécialisé en design, culture ou gastronomie.
Pourquoi c’est un atout : les entreprises françaises collaborent étroitement avec les groupes italiens (Ferrari, Armani, Lavazza, Barilla…). Être capable de négocier dans leur langue crée un lien de confiance inégalable.
Le portugais : une langue d’avenir sur trois continents
Un atout stratégique dans un monde lusophone en expansion
Le portugais est aujourd’hui parlé par plus de 260 millions de personnes dans le monde. C’est la 6? langue la plus parlée à l’échelle mondiale, et elle est en forte croissance, notamment en Afrique et en Amérique du Sud.
Apprendre le portugais, c’est s’ouvrir à trois marchés majeurs :
- Le Portugal, de plus en plus attractif pour les start-ups et les entreprises technologiques ;
- Le Brésil, géant économique d’Amérique latine ;
- Les pays africains lusophones (Angola, Mozambique, Cap-Vert), en plein essor économique.
Des débouchés variés et dynamiques
Les profils parlant portugais sont recherchés dans :
- le commerce international (import-export, logistique, énergie) ;
- le tourisme et l’hôtellerie ;
- la finance et la banque (notamment à Lisbonne et São Paulo) ;
- les services numériques et centres d’appels multilingues.
? Bon à savoir : Lisbonne est devenue un hub européen pour les entreprises étrangères. De nombreuses sociétés françaises y ont installé leurs services clients, créant une forte demande pour les profils bilingues français-portugais.
Le néerlandais : la langue du business discret mais puissant
Un partenaire économique clé
Les Pays-Bas figurent parmi les cinq premiers partenaires commerciaux de la France. Le néerlandais est aussi parlé en Belgique (Flandre), au Suriname et dans plusieurs territoires des Caraïbes.
Dans les secteurs de la logistique, du commerce maritime, de l’agroalimentaire et de la finance, la maîtrise du néerlandais constitue un avantage compétitif considérable.
Les entreprises recherchent des profils capables de fluidifier les échanges avec les clients et partenaires néerlandophones, réputés pour leur rigueur et leur efficacité.
Des opportunités concrètes
Les postes les plus ouverts aux francophones maîtrisant le néerlandais concernent :
- les services export (relation client, supply chain, service après-vente) ;
- la comptabilité internationale et les back-offices financiers ;
- les plateformes e-commerce et les grandes enseignes logistiques.
Tendance forte : les call centers multilingues basés en Europe recherchent régulièrement des francophones parlant néerlandais, avec salaires attractifs et télétravail possible.
D’autres langues qui gagnent du terrain
Au-delà de ces trois langues, plusieurs autres progressent fortement sur le marché de l’emploi.
L’arabe
Langue officielle dans plus de 20 pays et parlée par plus de 400 millions de personnes, l’arabe est un atout majeur dans les secteurs de la diplomatie, du commerce international, de l’énergie et du journalisme.
Les entreprises tournées vers le Maghreb et le Moyen-Orient apprécient les profils capables de naviguer entre les deux cultures.
Le polonais et les langues d’Europe de l’Est
Avec l’élargissement de l’Union européenne, la Pologne, la Roumanie et la Hongrie jouent un rôle croissant dans la sous-traitance industrielle et la logistique.
Les langues slaves deviennent un véritable levier pour les acheteurs, logisticiens et chefs de projet industriels.
Le mandarin
Toujours complexe à maîtriser, mais de plus en plus stratégique, notamment dans les domaines de la technologie, du commerce et du luxe.
Les entreprises françaises implantées en Chine (L’Oréal, Carrefour, Decathlon) valorisent les profils capables de négocier en mandarin.
Une compétence linguistique = un avantage concurrentiel mesurable
Selon une étude du Cabinet Korn Ferry, un salarié multilingue peut gagner entre 10 et 30 % de plus qu’un salarié monolingue sur une carrière entière.
Au-delà de la rémunération, la maîtrise d’une langue étrangère :
- multiplie les opportunités d’évolution et de mobilité internationale ;
- améliore la compréhension interculturelle et la gestion d’équipes diverses ;
- renforce les soft skills (écoute, empathie, adaptabilité).
Dans un monde du travail où la communication devient globale, la compétence linguistique n’est plus accessoire : elle est stratégique.
Le multilinguisme, un atout pour l’entreprise et pour soi
Dans un monde globalisé, le multilinguisme n’est pas seulement un outil de communication : c’est un vecteur de performance et d’innovation.
Les entreprises qui misent sur la diversité linguistique améliorent leur compétitivité, leur compréhension client et leur ancrage international.
Du côté des salariés, maîtriser une ou plusieurs langues « rares » offre :
- une employabilité renforcée ;
- une ouverture culturelle stimulante ;
- et une confiance accrue dans les échanges professionnels.
Apprendre l’italien, le portugais ou le néerlandais, c’est donc bien plus qu’un choix linguistique : c’est un investissement dans son avenir professionnel et personnel.
En conclusion : parler la langue du futur, c’est parler plusieurs langues
Les langues rares sur le marché de l’emploi ne sont plus marginales : elles deviennent des outils de différenciation et de réussite.
Face à la mondialisation, à la digitalisation des échanges et à la montée des marchés émergents, la diversité linguistique est un atout compétitif majeur.
Loin d’être une contrainte académique, l’apprentissage d’une langue moins répandue ouvre de nouvelles portes : celles du commerce, de la culture et de la compréhension du monde.
Alors, quelle sera votre troisième langue ?
